Please kill me

Même pas mort

(extrait)

Écrit d’après le livre éponyme, Please Kill Me injecte, par flash, une vision de ce que fut le punk rock dans les années 70. En une succession de tableaux rythmés par une musique live, on est pris dans un trip joyeux et déjanté vécu comme une expérience sensorielle réjouissante. Punk is not dead, il crache encore ses tripes. 

New-York fin des années 60. Les premiers concerts des Ramones marquent la naissance du punk sous les crachats nourris du public. Le ton est donné. Dans un chaos de sons et d’images, Please Kill Me déroule l’histoire du punk rock à travers ses principaux protagonistes dans une série de témoignages lus et joués en version franco-anglaise par Matthias Girbig et Kate Strong. « No future » était une injonction à prendre d’urgence possession du présent, ici et maintenant, et le montage nerveux de Please Kill Me en témoigne efficacement.

Cecile Maslakian copywriter critiques de theatre webzine rhinoceros Please kill me Jean Marc Besset photo

Sur scène défilent Iggy Pop, Lou Reed, les New York Dolls, les Ramones et d’autres personnages illustres ou moins connus qui furent les piliers d’un mouvement musical et culturel qui se nourrissait de tous les excès et carburait à l’héroïne. À la fois concert rock et pièce de théâtre, Please Kill Me fonctionne comme une immersion globale. Oui c’est trash, c’est cru, ça éructe mais Matthias Bauer a l ‘élégance de ne jamais nous envoyer cette démesure en pleine figure. Il connaît les vertus de la dérision et du second degré et, contrairement à certains metteurs en scène qui pactisent avec le glauque, seul  recours à leur portée pour impressionner le public, sa mise en scène intelligente préfère la subtilité à la facilité. Elle est aidée, en cela, par les images du talentueux vidéaste Stéphane Lavoix avec lesquelles elle joue en permanence. (…)

Malgré les baffles qui crachent un son saturé, malgré les corps qui s’accrochent et se tordent et les gestes outranciers, Please Kill Me déploie une vraie tendresse. Où va-t-elle la chercher ? Peut-être dans la sincérité des témoignages racontés cash, dans celle des comédiens aussi qui habitent leurs rôles à corps perdus. Et puis, il y a la scène finale où, quittant la fureur et le bruit, les personnages passent derrière l’écran pour repenser à ce qu’ils ont vécu. Ce n’était finalement qu’une façon comme une autre de vivre une aventure. Certains ont survécu, d’autres en sont morts. Le silence se fait et des anges passent.