Les rejetons flingueurs
(extrait)
Créé en 1968 à Léningrad, le Teatr Licedei est tout d’abord un théâtre de clowns qui connaît vite un grand succès public. Après la chute du mur de Berlin, la troupe se disloque et se reforme autour d’une jeune génération dont La Famille Semianyki est l’œuvre collective. Une cousine russe de la famille Addams encore plus trash et déjantée. Entre mime et cirque, ce spectacle parle le langage universel de l’absurde et il ne faut pas cinq minutes pour y être totalement réceptif. Irrésistible !

Le rideau s’ouvre sur un joyeux bric-à-brac. Bienvenue chez La Famille Semianyki. Pour s’immerger dans cet univers pas comme les autres, on est prié de laisser son esprit cartésien au vestiaire. Rien de plus facile car ces six clowns slaves sont très forts pour prendre par la main l’enfant qui sommeille en chacun de nous et l’emmener dans leur monde frappadingue où pas un mot n’est prononcé. Difficile de résister lorsque le père alcoolique se contorsionne pour boire sa vodka embroché sur un balai où quand les quatre garnements unissent leur folie pour lui faire passer un sale quart d’heure. La mère est le socle de cette tribu, elle fait le lien, punit et embrasse, calme les esprits qui s’échauffent trop vite. Et puis, elle est irrésistible en séductrice qui roule des yeux et des hanches sur fond de musique latine pour retenir son homme bien décidé à fuir ce chaos.
Comme dans un cri désespéré, la troupe déploie un talent fou à dynamiter le réel, à repousser les limites de l’absurde jusqu’à ce que tout explose. Toute famille a ses tensions et chaque enfant rêve de tuer le père, paraît-il, mais ci, les rejetons passent à l’acte quand ils n’essayent pas de s’écharper entre eux. (…)